[edit : si vous n'avez pas de temps à perdre, évitez de lire ce billet. Vous n'y gagneriez rien.]
En me relisant, je me rends compte que le billet d'hier n'est pas aussi cru que ce que je craignais. J'aurais pu aller beaucoup plus loin dans l'exhibition, vu l'état dans lequel j'étais.
J'ai été contente de revoir de la famille aujourd'hui. Mais j'avais quand même du mal à retenir mes larmes, à certains moments. Ma mère a eu l'impression que j'étais fatiguée, je lui ai expliqué que je sortais tout juste d'une grosse migraine (ce qui n'était pas faux, vu que celle-ci ne m'a quittée que le matin vers 11h). Bref, c'est pas facile. C'est à peu près aussi handicapant qu'une grippe, c'te merde. Tu fais tout plus lentement, tu as besoin de dormir beaucoup (ou alors, tu ne trouves pas le sommeil, te réveilles trop tôt), chacun de tes gestes te semble incroyablement lent et tout devient pénible, au point que la moindre sensation agréable est rembarrée au minimum vital. En gros, tu ne prends plus de plaisir à vivre. Pas étonnant que l'appétit et la libido soient en chute libre dans ces périodes-là.
Je continue à espérer que ce n'est qu'une mauvaise passe, liée à l'accumulation de tout un tas de problèmes variés, et qu'une fois que certains d'entre eux auront commencé à se résoudre, ça recommencera à aller mieux. J'ai peur mais aussi hâte de repartir en stage : d'un côté, j'ai un besoin vital de renouer des contacts, reprendre une vie sociale de manière continue ; de l'autre, je me demande si je refais pas la même connerie que lorsque je suis allée bosser en cafétéria en parallèle de la fac, à une période où j'étais complètement paumée, grosse dépression qui m'a valu un envoi direct en congés maladie (congés qui ne m'ont d'ailleurs jamais été remboursés, c'est la joie d'être à la fois salarié-e et étudiant-e). Je ne sais même pas si je dois demander des médic, au moins des anxio ; ça me dégoûte de penser ça, parce que je pensais pas un jour recommencer à en avoir besoin, à être autant handicapée, et en plus je suis terrifiée, rien que l'idée d'en parler à mon "nouveau" médecin traitant me donne des suées.
J'essaie d'y voir plus clair. De lister ce qui ne va pas. Déterminer l'alchimie de cette nausée.
> Déjà, elle arrive après une longue période de ras-le-bol généralisé, qui est allé crescendo ces derniers mois, mais qui s'est surtout focalisé sur quelques aspects humains qui ne m'avaient encore jamais autant révoltée que maintenant. Je veux parler de l'individualisme dégueulasse de beaucoup de gens d'ici, mais de beaucoup de gens de partout aussi, de tous ces connards qui enfoncent dans la tête de leurs gosses qu'ils sont des winners, qu'ils doivent avant tout penser à eux, que les autres ne sont que des merdes, que eux auront toujours raison. De tous ces gros cons en puissance qui finissent par se persuader que le profit et la jouissance sont des buts en soi, voire de vrais credo de vie. Tous ces abrutis qui estiment que des biens matériels valent bien la descente au fusil d'un ou deux délinquants (parce que ouais, l'histoire du bijoutier de Nice a fini de me faire hurler d'horreur, même si le plus terrible a sûrement été de voir que certains de mes potes avaient rallié, pour une raison ou pour une autre, la page FB bleu-blanc-rouge cheatée ; vrai coup dur, heureusement que des personnes auxquelles je crois m'ont confirmé que j'étais pas dans l'erreur, ce qui m'a permis de me calmer (un peu)).
> Ensuite, le départ du copain. Après pas mal de jours passés dans le même appart', mais très peu de sorties ensemble, à cause de ce mémoire à la con qui n'en finissait pas (et de quelques jours de boulot, mais qui m'ont permis de renflouer un peu les caisses). Une seule balade ensemble, finalement, et un peu à l'arrach' : partis vers 18h pour Bibemus, rentrés à 22h, ce qui nous a fait croiser deux familles de sangliers mais aussi promené dans le noir pas mal de temps. Un départ façon "Je sais pas quand je reviens", suivi de plusieurs jours où l'intéressé était absolument injoignable, et avec en arrière-plan la probabilité "Je reviendrai ptêt pas (ou alors en coup de vent, chercher mon vélo et deux-trois conneries), salut, rendez-vous au mois de mai". 'videmment, ça tombe très, très mal. Parce qu'en même temps, il y a :
> Gros, gros doutes sur la suite de la route à suivre. Continuer en M2 ? Laisser tomber et faire une dernière année de stages ? Les faire où, ces stages ? Il y a, d'un côté, la librairie qui m'intéresse, dont la responsable m'a enfin recontactée (après deux mails et deux coups de fil, j'avais peur de commencer à faire chier mon monde) et que je rencontre lundi (argh...). Il y a, de l'autre, le copain qui se barre PEUT-ÊTRE en Belgique, et que j'aimerais bien suivre, sauf que je ne connais absolument RIEN de l'esprit belge quant à la librairie (j'ai eu des échos comme quoi c'étaient des cons, mais va savoir), et que je ne suis jamais allée à Bruxelles, que je ne parle même pas néerlandais. Donc projet un peu chaud-bouillant à monter...
Et enfin, de l'AUTRE côté encore, il y a ma prof, qui m'encourage vivement à ne surtout pas laisser tomber le master (elle m'a bien vue venir, elle...), parce qu'en gros, si je fais ça, ma carrière professionnelle est fichue, alors que mwarf, cette année de M2, c'est pas grand-chose, je sais déjà quasiment tout, ça sera du gâteau, juste quelques petits cours à suivre pour le plaisir, et pondre un rapport de stage ainsi qu'un nouveau mémoire de recherche entre 50 et 100 pages chacun, c'est vraiment rien DU TOUT, et donc mon stage je pourrai le faire tout le temps, toute l'année, enfin pas trop quand même, y'a aussi une langue à bosser... J'ai résumé, en exagérant à peine, le discours qu'elle m'a tenu il y a quelques jours, par téléphone (une demi-heure de blabla...), et qui m'a plongée dans un profond désarroi et un doute sans fin. Parce que, bon, les 477€ d'inscription au master, je les ai même pas (c'est un peu moins de 300 si j'opte pour les stages), et : 1/ je veux pouvoir bosser cet été (deux offres refusées rien que pour cette année, ça me fout les boules), 2/ je ne veux plus foutre les pieds dans cette fac qui me déprime au plus haut point, 3/ savoir que mes "travaux de recherche" ne valent pas grand-chose mais, par contre, alimentent formidablement ceux de ma prof, ça commence à me mettre un peu mal à l'aise. J'attends lundi pour y voir vraiment plus clair, mais je crois que dans le pire des cas, je préfère encore demander le RSA que de devoir encore dépendre de la fac.
> D'autres tracas traînent, notamment au sujet de la danse, le trad, tout ça. Les ateliers le mardi soir à la fac, c'est fini. La question se pose donc de savoir si on retente un truc, nous, les deux seuls profs potentiels à être encore là. La blague, c'est qu'on n'en a jamais discuté vraiment. Alors que j'ai plein de trucs sur le coeur. Pas mal de déceptions, liées à pas mal de coups foireux dans l'asso l'an dernier, du coup je l'ai un peu mauvaise, je rumine, je rumine, mais vais quand même essayer de pas tout déballer. Je me plante peut-être, peut-être que quelque chose de bien est réellement possible, mais j'ai plus envie d'essayer, fatiguée d'être déçue, fatiguée de perdre du temps. Envie de me concentrer sur le boulot, rien que le boulot...
> J'avais presque oublié le piano. J'arrête les cours à l'école de musique. Je ne joue plus depuis des mois. Toutes mes envies de jouer, durant cette année, ont été contrecarrées par personne d'autre que ma prof d'instru. Parce que j'avais la bêtise d'apporter des partitions qui me plaisaient en cours. J'arrête officiellement cette année, mais pour moi, ça fait au moins un an ou deux que j'avais baissé les bras. Pas le temps d'atteindre un "vrai" niveau de conservatoire, et dégoûtée par le côté laborieux de la chose. Je ne prenais plus de plaisir à déchiffrer, travailler, rabâcher, écouter, jouer (enfin, essayer...). Ça n'a pas été facile de se décider, alors que tout était clair depuis longtemps. Me lever à 6h du mat' le samedi pour 10 minutes de cours (officiellement : 20 ou 25, mais on ne jouait jamais avant d'avoir parlé un peu...), consacrer une matinée + une moitié d'après-midi à ça, ça aussi, j'en pouvais plus.
La blague, c'est que ma prof ne veut PAS que j'arrête (oui, encore une, voilà pourquoi je pète un câble... =_=). Elle m'a envoyé des sms plutôt salauds alors que j'étais en grand stress, en pleine préparation de ma soutenance de stage (je passais le jour-même), je vous raconte pas l'effet... C'était du message style "Tu me déçois beaucoup", blabla. Quand je l'ai appelée deux jours plus tard pour lui expliquer ma maladresse (elle n'avait pas appris la chose par moi, qui était plongée dans le mémoire, mais par le secrétariat), elle a voulu me convaincre de mon erreur, sortant les grands mots ("c'est aussi de l'affectif", tout ça), et me laissant le privilège d'y réfléchir encore une dizaine de jours, au cas où. J'ai accepté, complètement destabilisée... histoire de me morfondre encore un peu plus.
> Au passage, il y a eu ma reum qui m'a un peu fait la gueule quand elle a découvert que je l'avais rayée de mes contacts Facebook. Qui trouvait pas normal que je ne la tienne pas au courant pour ma soutenance de mémoire (je l'ai prévenue LE LENDEMAIN parce que 1/ je suis rentrée chez moi à 19h, complètement crevée, et que j'ai enchaîné sur un balèti, 2/ la soutenance, je vois ça plus comme une formalité qu'autre chose, même si j'avoue, la dernière s'était tellement mal passée (M2 archéo...), que j'avais quand même les boules).
> Et enfin, le dernier stress sympa, c'est mon médecin qui ne veut pas me re-prescrire la pilule (pas pu prendre de rdv chez la gynéco depuis des mois, le secrétariat n'ayant pas décroché une seule fois lors de mes appels, quand j'avais le temps de m'en occuper...). Ça à cause du danger potentiel des pilules 3ème génération. De mon côté, il m'avait semblé lire (là, en fait) qu'il y avait très peu de risques si il n'y avait pas d'antécédent familial de problème cardio-vasculaire, qu'on la prenait déjà depuis plusieurs années et qu'on ne fumait pas. Mais après, n'étant pas spécialiste, j'ai pas spécialement le droit d'ouvrir ma gueule là-dessus, j'imagine... Par contre, j'ai vraiment eu envie de hurler quand le doc a plus ou moins émis l'hypothèse, pour mon cas, de revenir aux capotes, parce qu'il y a plein de dames qui se rendent comptent que la pilule, c'est pas bien. Sauf que, dans mon cas, je ne VEUX PAS revenir à des cycles-surprise, style 'je peux arriver deux fois dans le même mois comme je peux me déclencher dans seulement trois mois', avec l'angoisse permanente du pantalon taché, ou encore le réveil bien sympa dans un pyjama souillé et irrécupérable. Et ma mooncup, je l'aime bien, mais portée 7 jours sur 7, elle risque de vite me gaver.
Donc on attend mercredi (jour où je dois recommencer la prise) pour aviser. Entre temps, je suis censée voir un neurologue pour mes migraines, sauf que je ne sais même pas quand (le doc a pris le rendez-vous jeudi, mais les deux fois où je l'ai appelé vendredi c'était "Je ne peux pas vous répondre, je vous rappelle plus tard."). Et j'ai une jolie minerve à aller chercher en pharmacie.
Voilà, en gros (très gros, même), quelques raisons que je trouve à mon état d'aujourd'hui. Je suis à peu près certaine que personne n'aura le courage de lire tout ce pavé de m*, mais tant pis. J'ai cessé d'écrire pour être lue depuis longtemps. Ce billet est très certainement bourré de fautes et de coups de sang, mais peut-être pourra t-il me décharger, un peu.