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Llewella's diary
6 avril 2014

still alive

Cinq mois sans un mot ici... Je bats des records, wouhou. Mais je risque de faire encore pire la prochaine fois. Vu que je ressens de moins en moins le besoin de venir raconter ma vie et mes malheurs ici. Vu que j'ai de plus en plus de mal à poser par écrit, figer, ce qui, en réalité, évolue à toute vitesse.

Il s'est passé beaucoup de choses, ces derniers mois.

Parmi les événements marquants, il y a par exemple eu : se re-casser le coccyx en faisant du ski de fond, pendant un séjour qui a aussi été très positif pour un tas de trucs (aller voir le pépé, re-découvrir sa maison de montagne bricolée et malheureusement envahie depuis peu par mon père et son bordel maladif, expérimenter les raquettes, voir les cheminées de fée). Devoir faire face à ses démons, parmi les plus anciens, encore et encore.

Croiser mon frère, des fois, et constater que sa psychothérapie a l'air de lui faire du bien (même si avec les parents, le boulot, la vie en général, mais surtout les parents, c'est toujours compliqué).

Enchaîner bronchites et sinusites alors qu'on sortait tout juste d'une gastro-entérite.

Expérimenter toutes les combinaisons possibles de douleurs nuque / crâne / yeux, à des intensités diverses, mais de manière quotidienne maintenant, un combo qui laisse mes médecins complètement pantois.

Replonger dans la déprime, le temps d'une journée, parce que j'ai (enfin) osé monter sur la balance, qui m'indique que je n'ai jamais été aussi lourde. Combo avec les dernières analyses sanguines qui m'annoncent du cholestérol (bon ou mauvais, j'en sais rien), + les muscles qui fondent parce que mon stage consiste, essentiellement, à passer des heures à bosser derrière un ordi. 

Passer plus d'une demi-heure en pleine crise d'angoisse parce qu'on n'arrive plus à monter sur un vélo sans avoir l'impression qu'un truc hyper grave (genre, mortel) va se produire.

Finalement, remonter sur le vélo (gros VTT bien lourd, freins médiocres) et aller au boulot avec. Sensations de liberté, de jambes qui travaillent, d'équilibre qui revient doucement.

Tambourin, un peu. Danse, un peu. Organisation d'un bal caritatif, gros boulot. Dommage que ma soirée soit gâchée par les colites delamortquitue.

Cohabiter avec les vieux. Abandonner tout espoir de se faire à manger, de faire sa vaisselle. Batailler pour parvenir à lancer et étendre des lessives (une semaine de délai). Lister les habitudes du paternel qui nous écoeurent. Dormir sur un matelas gonflable, dans un appartement neuf qui sert de dépôtoir.

Réfléchir. Beaucoup. Réaliser. Beaucoup. Essayer de plus considérer son corps comme une machine défectueuse qui m'aurait été imposée. Essayer d'être là, ici et maintenant, avec ses défauts et sa maladresse, parce que je suis commeçaépicétout. Pas facile. La grande mélasse n'est jamais loin. Je me rends un peu mieux compte de par quoi je suis passée. J'ai arrêté de me plaindre parce que je pensais que c'était comme ça qu'on faisait dans un monde civilisé, vu que personne ne se plaignait (ou seulement de temps en temps). En réalité, c'était juste qu'ils n'avaient pas autant mal que moi, pas aussi souvent en tout cas. Mais, moi, je ne le savais pas, je pensais que tout le monde faisait un effort similaire au mien. Alors j'ai fermé ma gueule, je me suis détruite de l'intérieur, petit à petit. Dans ce monde où la différence est une tare, je me suis très vite arrangée pour me persuader que mon existence était une erreur, me convaincre que je n'avais pas le droit d'exister.

Je me reconstruis. Progressivement. Mes peurs et mes angoisses se tarissent. Je n'ai presque plus peur du temps qui passe, des gens qui parlent, j'ai de moins en moins d'angoisses complètement irraisonnées (l'examen d'espagnol et l'épisode du vélo prouvent quand même que c'est pas fini). La fatigue n'aide évidemment pas. D'ailleurs, je ne fais plus de vraies nuits quand je suis sur Aix.

J'ai toujours cette impression de ne pas me connaître, de manquer de mots pour m'identifier. J'ai fait de l'archéologie, de la musique, de la danse, des stages de fouille, de labo, en librairie, des études de lettres avec des cours sur le monde du livre, j'ai écrit des mémoires, une tonne de dossiers et passé une flopée d'exams (et la fac ne m'a jamais autant dégoûtée), organisé des bals, et aujourd'hui je ne suis ni archéologue, ni tout à fait étudiante, ni tout à fait libraire, je suis à la frontière de tout un tas de trucs, et je crois que je ne parviendrai jamais à m'identifier autant qu'en progressant sur ces rebords. J'en suis consciente aujourd'hui, mais j'avoue que ça n'a pas été sans passer par un certain nombre de crises. Si ça va mieux, c'est que j'ai rencontré des personnes qui acceptent cette bâtardise, la reconnaissent et me permettent même d'en tirer parti.

Je crois avoir résumé, vaguement. Dans deux jours, ce ne sera peut-être plus valable. Mais je ne pense pas pouvoir de nouveau écrire avant un moment. Comme je l'expliquais plus haut, je n'en ai de toutes façons plus envie. Même mon écriture me fait mal. Lourde, inutile, futile. Vu que le côté exutoire ne fonctionne même plus, je me demande bien à quoi elle peut encore servir ici.

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